Le débat interdit (French Edition)

Jean-Paul Fitoussi

Pour Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), le débat s'est interdit de lui-même parce qu'il a été mal posé. Si tout le monde, ou presque, est d'accord sur les objectifs (croissance, stabilité monétaire, construction de l'Europe), le dogmatisme ambiant a imposé l'idée qu'il n'existe qu'un seul moyen d'y parvenir.

Or, dit l'auteur, la politique de désinflation compétitive à laquelle la France s'est accrochée depuis le début des années 80 n'est ni satisfaisante ni suffisante. Toute politique unidimensionnelle est vouée à l'échec. Depuis plus de dix ans, on ne se préoccupe que de l'inflation, et la crédibilité monétaire est devenue une obsession.
Résultat, on a reculé sur tous les fronts: la croissance est médiocre, le chômage s'est aggravé, et l'échéance de la monnaie unique s'est plutôt éloignée à cause du gonflement des déficits publics. La recherche systématique de la vertu peut se révéler contre-productive, résume Jean-Paul Fitoussi.

L'erreur n'est pas seulement française: l'Europe s'est trompée de priorité, plaçant les préoccupations financières avant le niveau de vie et l'emploi. Elle s'est donc bâtie sous le signe de l'argent cher, ce qui a des conséquences sociales graves: les projets d'avenir sont plus coûteux et le futur est déprécié; les jeunes générations sont défavorisées au profit des rentiers; chacun est incité à se replier sur ses avantages acquis. Finalement, c'est toute la cohésion sociale qui est mise en péril.

Le salut? Il se trouve précisément dans l'accélération de l'intégration européenne, qui atténuerait la contrainte monétaire. A défaut, la France devrait prendre l'initiative d'une baisse coordonnée des taux d'intérêt en Europe. La politique économique, plaide l'auteur, ne consiste pas à subir les fatalités. Un livre foisonnant, intelligent, et résolument optimiste. (SEUIL)

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